Les marques de sport, des précurseurs en matière d’engagement
Comme en témoigne la décision par Décathlon (qui s’était d’ailleurs déjà montré solidaire lors du 1er confinement), de retirer ses publicités de CNews, objet de critiques pour ses débats clivants et les interventions d'Éric Zemmour, l’univers du sport est un précurseur en matière d’engagement.
Loin de faire l’unanimité, cette annonce, précisent les médias qui couvrent le sujet (tels que Stratégies, L’Obs ou Libération), divise les réseaux sociaux. Entre soutiens, via le hasghtag #MerciDecathlon, saluant la démarche de l’enseigne et les appels au boycott, par l’aile droite des Républicains et le Rassemblement national, via le hashtag #BoycottDecathlon, l’émotion est vive. Pour Libération, la levée de boucliers, à droite et à l’extrême droite, n’a rien d’anodin et montre ce qu’est devenue CNews depuis sa prise en main par Vincent Bolloré – la partie la plus dure de la droite considérant désormais la chaîne d’information en continu du groupe Canal+ comme la sienne. « L'orientation délétère de CNews ne peut plus être ignorée », indiquait d’ailleurs la branche française de Sleeping Giants, un collectif citoyen de lutte contre le financement des discours de haine, né aux Etats-Unis, en annonçant le retrait, pour la fin de l’année, des publicités Decathlon de CNews.
Dans un dossier, Stratégies note que, si les valeurs d’ouverture, de respect et de solidarité mais aussi de transformation sociale sont depuis longtemps au cœur des valeurs sportives, certains acteurs du secteur se distinguent désormais par des positions plus tranchées que par le passé. Conscient du risque de greenwashing, nombre d’entre eux (Adidas, The North Face…) ne se cantonnent pas aux prises de parole… et sont déjà passés à la mise en pratique.
« La sincérité du discours est un prérequis pour toucher les consommateurs. Il y a un danger de s'engager sans allier les paroles et les actes », indique Sylvain Ventre, directeur associé et cofondateur de Willie Beamen, agence de publicité orientée sport. Selon Morgan Taldir, fondateur d'Infiniment Sport, agence de communication événementielle et marketing par le sport, en cas de greenwashing, l'amplitude du retour de flamme, lié à l'audience médiatique dont bénéficie le sport en question, risque d'être d’autant plus importante pour les gros acteurs. Vigilance, donc !
Médias en Seine, une édition marquée par la désinformation
Le 19 novembre, l’événement Médias en Seine, organisé en ligne par France Info et Les Échos, a abordé sept thématiques, avec 200 intervenants, français ou étrangers.
« La crise est un accélérateur de transformation dans les usages, dans les modèles d’abonnement et dans les modes de production de l’information. Il y a actuellement dans les médias une phase de créativité éditoriale et technologique extrêmement intéressante », indiquait peu avant Médias en Seine Vincent Giret, directeur de France Info et co-créateur de l’événement, dans une interview pour Influencia.
Les problématiques de désinformation, notamment autour des sujets de santé, ont été au cœur des certains débats, « le journalisme et la connaissance » répondant, selon Vincent Giret, « au besoin d’inventer une nouvelle alliance entre les univers des médias et de la science pour apprendre à faire la pédagogie du débat scientifique ». La vague de désinformation sur l’épidémie est mondiale et se nourrit des « mêmes doutes et mêmes questionnements » dans tous les pays, ont constaté des journalistes spécialisés en fact-checking. Pour le médecin généticien Axel Kahn, si la communauté scientifique s’attendait à ce que la désinformation se développe avec « la première pandémie du XXIe siècle […] et le premier confinement mondial de l’histoire de l’Humanité », l’intensité et la violence des réactions, ainsi que l’importance de la politisation des débats, sont deux éléments extrêmement nouveaux.
La Croix cite, parmi les initiatives pour lutter contre la désinformation, Newsguard, un réseau de journalistes qui enquêtent sur des sites pour évaluer de façon étayée leur niveau de fiabilité, ainsi que le Forum sur l’information et la démocratie, piloté par des experts internationaux et initié par Reporters sans frontières, qui propose dans son premier rapport 250 recommandations aux gouvernements pour lutter contre la désinformation en ligne.
Rachat du HuffPost par BuzzFeed
Le site d'information en ligne BuzzFeed a annoncé prendre le contrôle de son concurrent HuffPost, rapportent, entre autres, The Guardian et Les Echos. L'opérateur télécoms Verizon, maison mère du Huff Post, a cédé sa participation dans ce média d'informations en ligne au profit d'une montée à bord de l'acquéreur.
Si le HuffPost reste plus proche du site d'information d'un média traditionnel que BuzzFeed, qui est, pour sa part, ostensiblement construit pour générer du trafic et alimenter les réseaux sociaux, ces deux symboles de la presse américaine du XXIe siècle ont pour point commun d'avoir souffert, ces dernières années, de la concurrence des géants d'internet Google et Facebook. Ils se sont en effet construit autour la publicité qui constituait, jusqu'à encore récemment, la presque totalité de leurs revenus.
Ce rachat marque une nouvelle étape dans la consolidation du secteur de l'information gratuite en ligne, en difficultés depuis plusieurs années.