Mise à jour : 4 juin 2021
Contexte et enjeux
Industrielle et touristique, montagneuse et balnéaire, riche mais inégalitaire, la région Sud Provence Alpes Côte d'Azur est aujourd'hui un territoire de contrastes marqué par un vote Front National et aujourd'hui Rassemblement National à la fois ancien et en expansion. Marine Le Pen y est d'ailleurs arrivée 1ère (et de loin) au 1er tour de l'élection présidentielle de 2017 (28,16%).
En 2015, lors du dernier scrutin régional, Christian Estrosi, qui menait la liste LR, avait ravi les clés de l'Hôtel de région à la gauche à l'issue d'un second tour face à Marion Maréchal pour le Front National (en remplacement de Jean-Marie Le Pen). Un duel sans la liste socialiste conduite par le futur ministre d'Emmanuel Macron, Christophe Castaner, celui-ci ayant décidé de la retirer afin de faire barrage au Front National. Un Front National qui était en effet arrivé largement en tête au 1er tour avec 40,6% des voix devant la liste LR (26,5 %) et celle du PS 16,6 %. Au second tour, Marion Maréchal avait néanmoins obtenu 45,22 % des voix, soit le meilleur score jamais obtenu par une liste FN dans une région !
Tous les regards sont tournés vers le duel LR / RN
Pour le prochain scrutin régional, c'est le marseillais et actuel Président de région Renaud Muselier qui mènera la tête de liste pour Les Républicains. Il aura face à lui Thierry Mariani, ancien député et ministre de Nicolas Sarkozy, fer de lance d'une « droite populaire », candidat de l'UMP pour les élections régionales de 2010 et aujourd'hui tête de liste pour le Rassemblement National.
... avant la question électrique de l'alliance LR / LREM
L'offre électorale est encore loin d'être stabilisée : le 2mai Jean Castex a annoncé officiellement le retrait de la liste LREM au profit du président sortant Renaud Muselier afin de faire barrage au RN. Une annonce qui a crée une crise politique inédite au sein de LR et ce malgré le soutien à Renaud Muselier d'élus locaux LR de 1er rang comme le Maire de Nice, Christian Estrosi ou celui de Toulon Hubert Falco. Renaud Muselier a toutefois conservé l'investiture de LR quand ses soutiens de Nice et de Toulon ont pour leur part annoncé leur départ de LR.
Le 7 mai, nouvelle surprise, la secrétaire d'Etat Sophie Cluzel annonce qu'il y aura finalement une liste LREM et qu'elle en prendra tête. Retour à la case départ !
L'union comme seul moyen d'exister pour la gauche et les écologistes
Du côté de la gauche et des écologistes, l'enjeu est triple : exister dans ce duel annoncé, peser dans le futur Conseil régional où les socialistes, communistes et écologistes sont absents depuis 2015 et réussir l'union de la gauche et des écologistes afin d'arriver le plus haut possible à l'issue du 1er tour et contourner ainsi l'hypothèse d'un retrait pour le second en cas de 3e position.
Mais cette union de la gauche et des écologistes, sur le modèle de ce qui a été fait dans les Hauts-de-France, peine à se concrétiser même si elle s'est accélérée ces derniers jours. Après de longues négociations, un accord a été trouvé autour d'un pôle écologiste mené par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cap Ecologie, le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF), Génération.s, le Parti radical de gauche (PRG) et Place publique. Une union qui sera finalement portée par le candidat EELV, Jean-Laurent Félizia.
La France insoumise de son côté a choisi de ne pas présenter de liste pour ne pas « ajouter au chaos ». Le parti accuse néanmoins EELV, le PS et le PCF de l'avoir exclue de leur alliance.
Ce que disent les sondages
Dans la lignée des dernières enquêtes, un sondage ELABE place Thierry Mariani comme le favori de l'élection régionale en PACA.
Cette enquête acte l'absence de la République en Marche au premier tour de l'élection suite à l'accord trouvé avec Renaud Muselier, le candidat des Républicains. Cette élection s'oriente donc de plus en plus vers un duel entre Thierry Mariani et Renaud Muselier.
Les deux candidats de droite sont en effet les seuls à bénéficier d'une vraie notoriété auprès des habitants de la région, respectivement 83% pour Renaud Muselier et 74% pour Thierry Mariani, les autres candidats ne dépassant pas 21%. On remarque de plus que les thèmes considérés comme les plus importants par les répondants sont particulièrement mis en avant par les candidats de droite : la sécurité (51%), l'immigration (34%), l'emploi, le développement économique et la formation (31%).
Thierry Mariani apparait comme le grand favori du premier tour en récoltant 43% des intentions de vote contre 33% pour la liste de Renaud Muselier.
Loin derrière, les différentes candidatures de gauche ne parviennent pas à convaincre les potentiels électeurs. La liste de Jean-Laurent Felizia, soutenue par une large coalition (EELV-PS-Génération.s-PCF) ne parviendrait à récolter que 12% des votes tandis que Jean-Marc Governatori, à la tête d'une liste écologiste, récolterait 6% des voix.
Le score important de Thierry Mariani pourrait peser sur la dynamique de second tour. Néanmoins, en 2015, la candidate du FN Marion Maréchal avait déjà réalisé un score très important (41%), loin devant le candidat de droite Christian Estrosi (27%). Malgré cela, la dynamique du front républicain avait empêché la nièce de Marine Le Pen de remporter la victoire au second tour.
La victoire du RN en PACA dépendra donc fortement de la configuration du second tour. La liste de gauche menée par Jean-Laurent Felizia pouvant se maintenir au second tour, la décision de la gauche aura une importance capitale. Si Jean-Laurent Felizia choisi de se maintenir, Thierry Mariani aurait de grandes chances de remporter la région (45% contre 37% pour la liste LR et 18% pour la liste de gauche).
Si le candidat de gauche choisissait de se retirer pour faire barrage au RN, la situation serait alors beaucoup plus serrée. Au second tour, Thierry Mariani et Renaud Muselier sont crédités chacun de 50% des voix. Dans un contexte où le front républicain semble avoir de plus en plus de plomb dans l'aile, les électeurs potentiels de Jean-Laurent Felizia au premier tour pourraient décider de ne pas soutenir le candidat LR. Si une majorité voterait pour lui en cas d'absence de la gauche au second tour (52%) et que très peu choisiraient Thierry Mariani (7%), un nombre très important (41%) préférerait s'abstenir.
Une victoire de Thierry Mariani semble donc l'hypothèse la plus probable mais elle est encore loin d'être acquise pour le candidat RN. Pour l'emporter, ce dernier devra compter sur l'effritement du front républicain.
L’avance du candidat RN ne semble en tous les cas pas faiblir au fur et à mesure que la campagne se déroule, comme le confirme le dernier sondage Ifop Fiducial publié le 1er juin.
Pourquoi la suivre
La région reste l'une des régions de conquête pour le RN qui espérerait l'emporter en misant sur un « candidat d'ouverture », transfuge de l'UMP et ancré localement. La région PACA est la région où le RN a le plus de chance de l'emporter.
La gauche pourra voir lors de ce scrutin l'efficacité d'une union d'une grande partie de ces forces, efficacité qui semble, pour le moment, ne pas porter ses fruits.
Le choix des Républicains et de la République en Marche de s'allier dans cette région alors qu'ils s'opposent dans d'autres montrent la difficulté pour les Républicains de trouver une ligne claire face à Emmanuel Macron et la République en Marche.
La possibilité d'une victoire de Thierry Mariani va éprouver la stratégie du front républicain qui s'effrite de plus en plus au fur et à mesure des scrutins.
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